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"Cadeaux aux banques", le coup de gueule d'A. Malégarie

TRIBUNE " L’euro… le retour ! à propos des soi-disant cadeaux aux banques…SVP, arrêtez la démagogie ! En ces temps de crise mondiale terrible, la psychologie, la confiance, le moral sont des facteurs importants pour ne pas dire primordiaux. A la crise économique et financière s’ajoute la crise de confiance, qui l’entretient, sinon l’aggrave.
Aussi, soyons tous, quelques soient nos chapelles, nos idéologies, nos stratégies, nos petits calculs mesquins ou subalternes, un minimum honnêtes et objectifs ! Car chaque mot, chaque propos, chaque contre-vérité peuvent être ravageurs dans l’opinion publique, déjà inquiète ou frileuse. Je le dis comme je le pense, et tant pis si je choque : continuer, depuis deux mois maintenant, à seriner partout, par média interposés, par banderoles dans les manifs, que « l’Etat fait des cadeaux aux banques, par milliards » est démagogique, mensonger et irresponsable. Car les gens le croient, et après, les conséquences sont gravissimes : moral en berne, consommation en baisse, désespoir en hausse. On veut quoi : que les gens se révoltent ? Le grand soir ? Que chacun réfléchisse bien à ses propos, sinon c’est collectivement qu’on se tirera une balle dans le pied ! Il y en a assez, d’entendre tant de contrevérités, de démagogie sur l’économie. C’est trop grave, surtout en ce moment. Les gens sont globalement ignorants des mécanismes économiques. Faute de pédagogie et d’information suffisante sur les supports essentiels : presse, radio, TV. Surtout la télévision. Comment expliquer l’économie mondiale, ses mécanismes, les solutions en une ou deux minutes, entre le cyclone machin et la vedette de cinéma truc, bien plus médiatiques ? « L’économie, c’est compliqué ». Donc on n’en parle pas, ou peu, on n’explique pas, surtout ! Que des clichés, que des approximations. Cela me rappelle quelque chose : l’Europe. C’est exactement la même chose. « L’Europe, c’est compliqué ». Donc, vaut mieux pas en parler ! Ben, voyons ! Sauf que, à force de ne pas expliquer – objectivement – aux Français, les choses on laisse la place aux démagogues de tout poil qui vont seriner, tout le temps, « leur » vérité, leurs clichés, à des fins tout autre que celle d’informer sincèrement leurs concitoyens. C’est indigne pour une démocratie, pour un grand pays qui prétend « éclairer » le monde, et c’est dégueulasse. Non l’économie (comme l’Europe), ce n’est pas si compliqué que ça, et les peuples sont beaucoup plus intelligents qu’on veut bien le croire. J’ai même pu constater, à travers beaucoup de conférences-débats, à quel point les Français étaient avides de connaissances, étaient frustrés d’entendre des propos réducteurs ou manichéens. Je n’ai pas l’habitude d’encenser quiconque, mais franchement, j’ai énormément apprécié l’exercice pédagogique (et pas facile) du Président de la République, jeudi 5 février, à la télévision. Jamais un Président de la République n’avait été aussi clair, précis, pédagogue sur des mécanismes économiques, financiers et monétaires a priori complexes. Il a su expliquer en termes les plus simples possibles, par rapport au sujet, ce qu’étaient la titrisation, les « hedge funds » (les fonds spéculatifs), et mêmes les « spreads » (c’est-à-dire la différence de taux d’intérêt que l’on paye selon la notation qu’on attribue à un Etat). Chapeau pour l’exercice, et le courage. Espérons qu’il aura été entendu ! Mais ces exemples montrent bien que TOUT s’explique, si l’on veut s’en donner la peine. Plus la mondialisation économique et financière se développera, plus chaque peuple devra avoir une connaissance MINIMALE de l’économie planétaire, ses flux, ses mécanismes, ses régulations, ses enjeux. Il faudra aussi que l’éducation nationale se saisisse enfin du problème, et ne reste pas dans sa « bulle », coupée des problématiques quotidiennes. L’économie, la finance, le monétaire ne sont pas des données exogènes, mais endogènes… Elles sont trop perçues encore comme ésotériques (comme l’Europe…). C’est dangereux… Plus un citoyen est informé, plus il est libre, et plus il vit en démocratie. Sinon, il pourra gober toutes les idées reçues. Donc, je le répète, haut et fort : NON, l’Etat n’a pas fait de cadeaux aux banques. Il leur loue sa garantie en cas de coup dur. Certains veulent confondre (à dessein) don et prêt, subvention et couverture, ou garantie. On joue sur les mots, les peurs, les rancoeurs des gens. C’est dégueulasse. Cela s’appelle mettre de l’huile sur le feu. A un moment où le monde est fragile, incertain, c’est vraiment grave, et irresponsable. Ces fameux 360 milliards « donnés » aux banques, ce sont des garanties, au cas où. Rien de plus. L’Etat est le dernier garant, le dernier prêteur, c’est bien normal, non ? Au-delà du mythe entretenu des 360 milliards (un gros chiffre, ça impressionne toujours !), certains contestent même… la garantie qu’apporte l’Etat aux banques. Là, on atteint le comble de la démagogie !
En 1929, l’Etat américain n’a pas soutenu tout de suite les banques. On a vu la suite !.. Si on laisse faire, les banques vont couler, ou du moins ne vont plus se prêter entre elles. Donc elles ne pourront plus prêter aux collectivités, aux entreprises, aux personnes. L’argent c’est le nerf de la guerre, c’est ce qui fait marcher la machine, c’est ce qui irrigue l’économie. Et s’il n’y a plus de banque, ou si elles n’ont plus d’argent, on n’en aura plus non plus. C’est quand même simple à comprendre, non ? Si l’Etat ne garantit pas, les banques ne se prêteront plus. J’ajoute que l’Etat non seulement ne « fait pas de cadeaux » aux banques, mais leur prête ses fonds à un taux somme toute conséquent : 8%. Qui le dit, cela ? Qui le dit ? Je récapitule : la Banque Centrale Européenne (BCE) prête (à 5%) les euros à chaque Etat de la zone euro, lequel Etat les re-loue aux banques. Où sont les cadeaux ? Alors j’en ai un peu assez, car il est beaucoup plus difficile, après tant de démagogie, de se faire entendre, sur la réalité des choses. Quelques exemples concrets, car je n’ai rien oublié… En 2005, durant les débats sur la Constitution européenne en France, les démagogues de tout poil et de tous bords politiques nous annonçaient « l’invasion des plombiers polonais ou des infirmières polonaises ». On n’a rien vu venir ! Seuls les Anglais en ont accueilli, volontairement. On nous promettait aussi le « plan B ». Vous savez, le fameux plan B à cette Constitution. Encore un mensonge éhonté. Il n’y avait pas de plan B, et l’Europe a été en panne jusqu’en 2008 ! Depuis 2002, les mêmes (voire d’autres) démagogues n’ont cessé d’imputer à l’euro tous les maux de la terre. De dérive en dérive, d’excès en excès, les Français désormais sont persuadés que l’euro a causé une inflation de 10, 15%. Pourquoi pas 50% ? Même si des prix de consommation courante ont réellement augmenté, par la malhonnêteté de quelques euro-profiteurs qui ont trop arrondi, globalement les prix n’ont rien à voir avec l’inflation à deux chiffres qu’on avait avant l’euro. Le problème du pouvoir d’achat, ce n’est pas la « hausse » des prix, mais la stagnation des salaires depuis 20 ans ! Sur tous les sujets économiques, la démagogie peut faire des ravages, faute d’information complète et objective. Le pire c’est que « plus c’est gros, plus ça passe ». Ces fameux 360 milliards, d’où aurait-il pu, diable, les sortir, l’Etat, s’il avait du les « donner » ? Vous imaginez les emprunts d’Etat, colossaux qu’il aurait fallu lever auprès de gros prêteurs internationaux ? Comment des irresponsables peuvent-ils dire de telles sornettes ? Le budget de l’Etat tourne autour de 450 milliards d’euros. Le PIB de la France est de 2.000 milliards… Alors, comment l’Etat pourrait-il « donner » 360 milliards, soit presque le budget annuel de l’Etat ? La démocratie c’est aussi le respect du peuple. Ceux qui ont la responsabilité de la parole publique, les politiques, les syndicalistes, les journalistes, les professeurs doivent, encore plus que les autres, donner les bons chiffres, les bons mécanismes, et ne pas dériver sur ce qui ressemble fortement à de la propagande. Si les Français n’ont pas le moral, s’ils ne consomment plus, s’ils baissent les bras, c’est aussi la faute de tous ceux qui leur mentent. Non seulement l’Etat ne fait pas de « cadeau » aux banques, mais c’est l’inverse ! Les intérêts sur les prêts accordés aux banques rapporteront à l’Etat 1,4 milliards d’euros, fin 2009 ! Et ce bonus permettra à l’Etat de financer des mesures sociales. Voilà la réalité des choses. La désinformation, comme la fausse rumeur déshonorent leurs auteurs. Il faudrait vraiment qu’il y ait davantage de voix qui s’élèvent pour répliquer, corriger, rectifier de tels propos. Les citoyens méritent la vérité. Respectons les ! "
Alain Malégarie est Président
de l'association EuropeInfo Rhône Alpes
Présenté comme son "spécialiste Europe" par l'UmP du Rhône,
il a été candidat sur la liste de Michel Havard
dans le cinquième arrondissement de Lyon
 

Commentaires

  1. Anonyme11:46 PM

    Il me semble lire une contradiction dans votre propos : l’Etat se porte t’il GARANT (en dernier ressort) de prêts consentis aux banques ? Ou l’Etat est t’il LE prêteur (à 8%) alors qu’il emprunte lui-même à 5 % ? Auquel cas c’est bien lui qui injecte de l’argent frais dans les banques et prend des risques considérables !
    D’ailleurs, en empruntant des sommes importantes à la banque européenne, l’Etat français ne perd t’il pas en notation ? En clair, la marge entre 5 et 8% n’est t’elle pas réduite par le fait que, en s’engageant, la note du pays baisse et les taux d’intérêts des emprunts qui suivront monteront ?!

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  2. Anonyme11:47 PM

    Il n’y a pas de contradiction dans mon article, car il y a les deux aspects. L’Etat est tantôt le garant, tantôt le prêteur. Mais de plus en plus le garant.

    Il est garant pour couvrir un prêt que va consentir la banque A à la banque B. Bref, pour faire marcher la machine. Car, il y a risque que les banques ne se prêtent plus, ou peu entre elles. Car crise de confiance. La banque A a peur que la banque B fasse faillite avant de la rembourser! Donc l’Etat couvre ce prêt: en cas de coup dur, il se substituera à l’emprunteur défaillant. Voilà pour la “garantie” (et là, il n’y a pas de sortie d’argent).

    Mais l’Etat recapitalise aussi les banques fragilisées. Là, il prête à 8%. Car lui-même a emprunté à la BCE l’argent, entre 4 à 5% selon la durée du prêt. Le taux évolue selon la durée du prêt . Il y a des prêts à quelques jours, à quelques semaines ou à quelques mois. Pas de risque pour la France, car tous les Etats zone euro empruntent à la BCE. Donc la France ne perdra rien en notation. La France, et tous les pays européens, ont bonne réputation, notamment celle de rembourser rubis sur ongle.

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  3. Anonyme11:28 AM

    "Il n'y a pas de sortie d'argent"... Sauf si la banque est défaillante comme vous le dîtes... et si les professionnels des autres banques n'ont pas confiance, c'est bien qu'il y a un problème, non ?...
    Les ministres ont beau se montrer "pédagogues", expliquer qu'il convient de distinguer la mobilisation de 340 milliards en garantie des engagements bancaires des aides (10 milliards) consenties aux banques pour soutenir leurs capitaux propres, les Français ont du mal à comprendre ces subtilités. Ce qu'ils constatent, c'est que les banques ont commis des erreurs de gestion, qu'on leur apporte des concours alors que ces mêmes banquiers leur imposent des prêts à 18% pour changer de voiture !

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