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Crise, les syndicats craignent "une explosion sociale"

Fait assez rare pour être noté, les syndicats sont intervenus de manière "unitaire" lors de la conférence des exécutifs qui réunissait ce 23 mars 2009 les Présidents de la plupart des collectivités locales et les maires des grandes villes de la Région Rhône-Alpes.

Une intervention qui visait, à la suite des très grandes manifestations des 29 janvier et 19 mars, à marquer leur inquiétude et leur demande de plus de "cohérence d’intervention des différents dispositifs" économiques face à la crise.

Voici un extrait de l'intervention, signée par les syndicats FSU- UNSA- CFDT - CFE - CGC - CFTC - CGT -FO :




"Si la circulaire LAGARDE de février 2009 a contraint les préfets à organiser des réunions de concertation avec les partenaires sociaux, nous sommes loin d’avoir mis en place des outils communs pour agir sur l’emploi, aux différentes parties prenantes (Etat, Service Public de l’emploi, collectivités locales, Chambres de Commerce et d’industrie, organisations patronales et syndicales).

Les Organisations Syndicales souhaitent une mise en cohérence des différentes politiques publiques de l’Etat, du Conseil Régional, des Conseils Généraux, pour la défense de l’emploi dans les territoires, l’insertion des jeunes dans le monde du travail, et la mise en œuvre des actions sociales.

Les collectivités locales et notamment les Communautés d’Agglomération doivent continuer leurs investissements dans les transports, l’éducation, le logement etc.. Car leurs choix économiques et sociaux interviennent fortement dans le maintien de l’emploi au plan local.

Le tissu industriel de Rhône Alpes est sérieusement secoué, des difficultés importantes mettent en danger les capacités de notre Région et aussi l’existence même de certains de nos territoires. Cela demande non seulement une surveillance continue mais aussi des dispositifs d’alerte efficace.



Il est essentiel que les différentes instances de crise mise en place puissent être alertées y compris par les représentants du personnel.
Dans la 1ere région de sous-traitance industrielle, il est impératif que les donneurs d’ordre soient impliqués dans les effets sociaux sur les territoires, des décisions économiques qu’ils prennent. Les collectivités publiques doivent inclure des clauses spécifiques dans les appels d’offres notamment sur les garanties en terme d’emplois.

Mais au-delà, leur responsabilité sociale doit s’engager sur des nouveaux rapports plus coopératifs et partenariaux en rupture avec les rapports actuels de domination et de mise en concurrence. Pour modifier cette donne, nous proposons comme axes :

• Mutualisation des financements pour sécuriser l’emploi et les salaires (notamment sur les plans de chômage partiel)

• Mise en place de Comités Interentreprises à l’échelle filière/bassin d’emploi : nouveau lieu d’intervention pour une anticipation des évolutions technologiques et des besoins.

• Mise sur pied d’un plan concerté et prospectif de promotion et de développement des capacités humaines (GPEC) pour palier aux manques de qualification, prévoir le contre choc emploi – formation en vue des départs en retraite à venir.

• Plan de financement mutualisé par les entreprises sur les filières (effets réseaux) pour l’investissement technologique et les industries du futur.

• Dans le même ordre d’idée : transformer les pôles de compétitivité en pôles de développement, de partenariat grandes entreprises, PME-PMI en y impliquant les banques, la CDC, les fonds de formation, les Comités d’Entreprises.

• Tourner tous les fonds publics de soutien et de développement à l’activité au plus près du terrain en dégageant les financements indispensables au lancement d’activités innovantes.

Les banques doivent faciliter le crédit aux entreprises en difficultés et à la multitude de petites entreprises qui forment le tissu économique et social dans notre région.

Les aides publiques aux entreprises doivent être conditionnées à une prise en compte des aspects économiques, sociaux et environnementaux avec des engagements et contre parties notamment sur le maintien et la qualité de l’emploi, par une contractualisation avec les instances représentatives du personnel et les organisations syndicales territoriales.

Il faut donc élargir le dispositif régional avec la mise en place de commissions départementales de suivi et d’évolution des attributions publiques.

Une meilleure implication des travailleurs et de leurs organisations syndicales

Dans cette crise, qui est encore plus douloureuse pour les plus précaires, les Organisations Syndicales de Rhône Alpes ont la volonté d’intervenir dans les territoires, en lien avec les Instances Représentatives du personnel des entreprises concernées et les salariés qui travaillent dans les petites et moyennes entreprises.

Il est indispensable de lier les démarches sectorielles, des filières industrielles avec celles vécues dans les territoires. C’est autour des bassins de vie et d’emploi que nous pouvons intervenir non seulement sur les effets dévastateurs, en créant des plates-formes de reclassement territorialisées regroupant tous les acteurs intervenant de manière concertée et pluridisciplinaire.
Mais aussi pour être capable d’anticiper l’avenir par une Gestion territorialisée, Prévisionnelle et Préventive de l’Emploi et des Compétences.

Il est essentiel dans le cadre actuel de savoir prendre le temps des réformes structurelles pour ne pas nuire à l’efficacité du service notamment public. Nous souhaitons que la situation de Pôle emploi en Rhône Alpes fasse l’objet rapidement d’un point complet car nous savons que les difficultés liées à la fusion ont des conséquences très pénalisantes pour les demandeurs d’emploi. Il en est de même pour la Réforme Générale des Politiques Publiques qui demande pour le moins en région une pause.

La situation de crise économique et sociale que nous connaissons nécessite de nouvelles méthodes de gouvernance par l’introduction de nouvelles relations sociales, et afin de construire des droits nouveaux :
- En impliquant tous les acteurs
- En clarifiant et organisant les compétences
- En rendant plus cohérents les divers dispositifs.
- En développant les capacités d’anticipation de tous.

Comment préparer la sortie de crise ?

Personne ne sait quand et comment notre région peut sortir de cette crise, des questions sur les mutations en cours, et les pistes d’avenir restent posées ! Quels seront les emplois de demain en lien avec les pôles de compétitivité ? Comment accompagner les travailleurs par la formation professionnelle pour les préparer aux activités économiques de l’avenir ? Comment développer la formation professionnelle pour les salariés les moins qualifiés et des petites entreprises. En quoi l’économique, le social et l’environnemental seront pris en compte dans les entreprises du futur ?

Voilà des questions qui nécessitent une réelle concertation et des engagements des acteurs responsables tant régionalement que localement, mais aussi du ou des patronats avec les organisations syndicales de salariés.

Gérer différemment un impératif pour l’avenir !
De la façon dont cette crise sera gérée avec l’implication ou non de toutes les parties prenantes dont les représentants des travailleurs, nous sortirons plus ou moins rapidement de la situation actuelle, situation qui est aujourd’hui préjudiciable pour tous.

Demain, notre capacité à travailler autrement, grâce à des innovations sociales, permettra un développement durable de notre économie Rhônalpine.
Dans cette région au passé industriel prestigieux , aux forts potentiels de développement dans les nouvelles technologies, la biologie et la santé, les services et le tourisme, cette crise peut être une opportunité, si les décideurs tant publics, économiques et sociaux investissent au plan local au plus près des hommes et des femmes qui par leur travail construiront l’avenir de notre région.

Il y a urgence, la mobilisation montante notamment dans la journée du 19 mars démontre que nous sommes en train d’assister à une cristallisation des mécontentements et des inquiétudes des salariés, actifs, retraités et chômeurs. La vague d’annonces des plans sociaux, l’explosion des licenciements font que du mécontentement à la colère, de l’inquiétude à la désespérance, la frontière est de plus en plus ténue. Nous avons à craindre des explosions violentes ici ou là.




Nous, Organisations Syndicales sommes en première ligne pour notamment traduire positivement ces réactions légitimes, il est donc nécessaire, vital que non seulement nous soyons écouté, mais surtout entendus et respectés dans notre rôle naturel d’agents économiques et sociaux "



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